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Purification de l'eau

L'énergie solaire au service des "sans-électricité"


mise en ligne en août 2006



Andrée-Marie Dussault, à Panjkosi, Punjab




Une famille indienne sur deux s'éclaire toujours à la chandelle ; sans électricité, les habitants ne peuvent filtrer électriquement leur eau polluée. Un purificateur d'eau fonctionnant à l'énergie solaire vient d'être installé dans un village du fin fond du Punjab indien. Si l'expérience est un sucess story, la technologie inédite risque d'intéresser quelques-uns des 1.2 milliard de citoyens du monde privés d'eau potable.





L'équipe du village de Panjkosi avec Mini Puri (à gauche) et Raymond Myles (à cóté) autour de l'appareil Naïade qui purifie l'eau à l'aide de l'énergie solaire.
Photo © Andrée-Marie Dussault

" La révolution est en cours, n'est-ce pas Mini ? " " Oh oui ! Et nous en sommes très heureux ! " répond notre ingénieur quinquagénaire, après avoir démontré aux villageois attroupés comment faire fonctionner l'appareil néerlandais qu'il représente en Inde, un sourire satisfait lui fendant le visage jusqu'aux oreilles. La révolution dont il est question ici épouse la forme d'une technologie dénommée Naïade qui purifie l'eau à l'aide de l'énergie solaire et qui est sur le point d'être implantée pour la première fois en Inde. Et cela, grâce à la persévérance et à l'entremise de Mini Puri que nous avons suivi jusqu'au fin fond du Punjab indien, l'un des états les plus riches ; le " grenier à grains du pays ", situé à quelques dizaines de kilomètres de la frontière pakistanaise.

L'objectif de la visite d'aujourd'hui dans le village de 4500 habitants connu sous le nom de Panjkosi est double : éduquer Ritu, une jeune assistante sociale qui sera chargée de convaincre les villageois - ou plutôt les villageoises, grandes cheffes des affaires domestiques, de l'eau en particulier, et " plus intelligentes " selon Mini - d'adopter la technologie Naïade quant à l'utilisation de la machine-miracle et à son maintien.

D'autre part, à l'ordre du jour est également prévue une rencontre avec le " roi " de la place, c'est-à-dire le plus gros propriétaire terrien qui détient à son actif plus de 500 hectares de terres (pour la petite histoire, 75% des villageois de Panjkosi en possèdent un gros zéro et travaillent journellement en échange de sacs de blé d'une valeur de 100 roupies, soit quelques 1,7 euro) et lui vendre le projet Naïade de façon à en faire un sucess story susceptible d'être émulé à travers tout le pays, au Sri Lanka, au Népal et au Bangladesh.


Des sous et du sens

Mini et les deux collègues qui l'accompagnent, tous ingénieurs mécaniques de formation, sont gonflés à bloc d'optimisme quant au potentiel de la technologie néerlandaise. Ils ne sont pas les seuls, leur projet capte de plus en plus d'attention et le mois prochain, c'est CNN qui va faire le déplacement jusqu'à Panjkosi. Anciens camarades d'école, les trois amis ont jadis travaillé pour de grosses firmes domestiques et étrangères, et aujourd'hui, ils sont chacun à la tête de leur propre entreprise et à la fois consultants indépendants. " On gagne dix fois moins que si l'on bossait pour une multinationale, explique Jamil Ahmed, mais en revanche, on trouve dix fois plus de sens à notre boulot ".

Dans ce cas particulier, le sens, le voici : Naïade a la formidable vertu de tuer toutes bactéries et tout virus contenus dans l'eau par le biais de l'énergie solaire. Une aubaine dans un pays où, selon les chiffres du gouvernement, 80 000 des quelques 600 000 villages ne sont pas électrifiés et qui, en conséquence, ne peuvent recourir aux filtres électriques pour rendre leur eau de canal ou de puits potable. En réalité, le nombre de villages où l'on s'éclaire toujours à la chandelle en Inde serait plus près des 300 000 : " Du moment où il y a une ampoule dans le village qui fonctionne une heure par jour, les autorités le classent comme électrifié " explique Raymond Myles, actif depuis près de 40 ans dans le secteur des énergies renouvelables non conventionnelles.


Rencontre au sommet

Pour Mini, l'aventure Naïade a commencé il y a environ un an lorsque le gouvernement l'a invité à un brainstorming pour identifier des stratégies à même de résoudre le lancinant problème de l'accès à l'eau potable dans les " 80 000 " villages indiens non électrifiés. Suite à cette rencontre au sommet, la plus grosse coopérative au monde, la Indian Farmer's Fertilzer Cooperative Limited (IFFCO), a lancé un concours invitant les ONGs et les entreprises à soumettre des projets en faveur du développement dans le secteur agraire. Toujours prêt à relever un défi, Mini a déposé un dossier présentant la technologie Naïade et sur plus de mille candidatures, c'est la sienne qui a été retenue. C'est ainsi que le village de Panjkosi, où est situé le siège de la IFFCO, a été choisi comme village-pilote où Naïade sera testée pour la première fois en Inde.

Occupant une place de choix parmi les tops 10 du palmarès des nations dont la mortalité, notamment infantile, liée à l'eau est la plus élevée, l'Inde, rurale surtout, a toutes les raisons de s'intéresser à Naïade. Certes, la pollution industrielle, le fer, le fluorure, l'arsenic, les pesticides et les fertilisants chimiques sont responsables de la contamination de l'eau que consomment les 700 000 villageois du sous-continent. Or, la part du lion du mal provient des bactéries et des virus.


1.2 milliards de " sans-eau "

Ainsi, si Naïade, en éliminant toute trace bactérienne et virale dans l'eau, parvient à réduire significativement les risques pathogènes que représente l'eau contaminée (à l'origine d'un modeste 80% des maladies dans les pays dits en développement ; cholera, typhoïde, hépatite A, dysenterie, diarrhées...), c'est un bond d'éléphant que pourrait faire l'Inde des villages. Sans compter les bénéfices potentiels pour les autres citoyens du monde comptant parmi les 1.2 milliard d'habitants sans accès à l'eau potable.

Toutefois, Mini en est conscient, la partie n'est pas gagnée d'avance. L'obstacle numéro un est le coût de la technologie : 400 000 roupies l'appareil, soit près de 6 800 euros. Un montant mammouth, il va sans dire, dans un pays où le salaire annuel per capita s'élève à un maigre 500 $. " Ils ont les moyens de s'acheter des Cocas, mais lorsqu'il s'agit d'eau potable, les villageois resserrent les cordons de la bourse " ironise Jamil. C'est qu'ils sont tellement habitués aux promesses d'eau gratuite, répétées et archi répétées par des politiciens en campagne en mal de votes ruraux.

" Or, les engagements préélectoraux ne sont jamais tenus et les habitants doivent se rendre à l'évidence, estime Mini : pour avoir accès à l'eau potable, ils devront en payer le prix. " Un coût cependant abordable si l'on considère le bois ou le kérosène économisé pour bouillir l'eau polluée : moins d'une roupie par litre. Un prix d'autant plus accessible par rapport aux 20 litres à 60 roupies embouteillés par les multinationales de l'or bleu. D'ailleurs, celles-ci ne craindront-t-elle pas la compétition de cette technologie révolutionnaire ? " Pas pour le moment, prétend Raymond, elles préfèrent dépenser un dollar là où elles en gagneront dix ; ici ce n'est pas encore le cas. "


Soudoyer pour la bonne cause

Pour parvenir à vendre un appareil Naïade - qui servira mille personnes à raison de 2.5 litres d'eau par tête par jour - Mini mise sur la conversion du chef du village à sa cause et sur les subsides gouvernementaux. L'argument massue servi à Jhakkar ji lors d'un échange des plus cordiaux, assis à l'ombre du somptueux jardin de sa résidence-palais, pour le convaincre de la pertinence de l'initiative - outre la bagatelle que ses villageois consommeront de l'eau potable - est que, si le projet-pilote se révèle un succès, son bled sera mis sur la mappe et connu de par le monde comme le pionnier en matière de purification d'eau par l'énergie solaire là où l'électricité fait toujours cruellement défaut.
Quand aux subsides de l'Etat, ceux-ci pourraient représenter jusqu'à 50% du prix de l'appareil. Mini sait fort bien que pour les décrocher, il n'échappera pas à l'obligation de soudoyer les fonctionnaires responsables. Mais rien ne l'arrête : " Je n'encourage pas cela, évidemment, mais pour le bien général, je suis près à contribuer de ma poche pour faire démarrer l'initiative " admet-il. En effet, ce serait dommage de faire capoter tout le projet par refus de graisser la patte d'un bureaucrate. Après tout, un enfant meurt toutes les 8 secondes et 2 millions de personnes décèdent chaque année de l'eau polluée.




Raymond Myles, le directeur de la Indian Farmer's Fertilzer Cooperative Limited (IFFCO), Jhakkar ji, le chef du village de Panjkosi, Andrée-Marie Dussault, Jamil Amhed et Mini Puri buvant un jus fait avec les oranges de Jhakkar ji.

Photo © Andrée-Marie Dussault

 
Comment ça marche
Imaginez une technologie fiable, mobile, pesant 75 kilogrammes, économique, eco-friendly, facile à entretenir, qui ne requiert ni combustible, ni produit chimique, ni tuyauteries, ni électricité et qui purifie 2500 litres d'eau par jour (en dix heures), tout en étant conforme aux standards en eau potable de l'Organisation mondiale de la santé. Cette technologie existe : Naïade, un appareil créé il y a quelques années par Nedap, une entreprise néerlandaise leader en électronique.
Simple et efficace, la filtration de l'eau polluée s'effectue grâce à deux sacs-filtres lavables et sa désinfection se fait par une lampe UV. Celle-ci fonctionne à l'aide d'un panneau solaire générant 75 watts d'électricité qui doit être remplacé seulement après 12 000 heures de fonctionnement. En cas de temps nuageux, une batterie de voiture encastrée à l'intérieur de l'appareil prend la relève et assure la génération d'énergie. Testée par divers laboratoires de recherche sur l'eau, tels ATIRA en Inde et UNESCO-IHE & KIWA aux Pays-Bas, la technologie Naïade a raflé de nombreux prix dont le prestigieux European Award for Environment en 2004.



L'Inde en eau et en chiffre

La troisième puissance en devenir qui connaît une croissance fulgurante estimée à près de 8% pour 2006 n'est pas qu'un paquet impressionnant de marchés émergents reconfigurant la géographie économique mondiale. Elle est aussi une nation aux prises avec son lot de problèmes, dont une sérieuse crise de l'eau. Tellement sérieuse que de nombreux analystes n'hésitent pas à la considérer comme le problème indien numéro un. Expert en eau à la Banque mondiale - laquelle a fait passé ses prêts à l'Inde pour le secteur de l'eau de 200 à 900 millions de dollars l'an dernier - John Briscoe estime que si des mesures drastiques ne sont pas adoptées urgemment en ce qui concerne la gestion des ressources en eau, une catastrophe s'annonce, éminemment. Bassins qui s'assèchent, exploitation abusive des nappes phréatiques, gestion désastreuse, conservation insuffisante...
Aperçu d'une situation qui frise le cauchemar.
  • L'Inde obtient 50% de son eau en 15 jours de mousson.
  • Le pays a la capacité de stocker à peine 300 mètres cubes d'eau per capita (les Etats-Unis en stockent 5000).
  • Certaines villes ont l'eau tous les deux ou trois jours ; dans certains quartiers de Delhi, même les plus huppés, l'eau est disponible 15 minutes par jours.
  • La capitale du pays perd 30% de son eau - soit plus de 800 millions de litres - par jour à cause des fuites de son réseau de distribution long de 8300 kilomètres.
  • L'Inde connaît plus d'un million de cas de diarrhées chaque année et 500 000 enfants en meurent annuellement.
  • 66 millions d'Indiens risquent la contamination par fluorure et 15 millions risquent l'empoisonnement à l'arsenic.
  • Les quatre métropoles (Delhi, Bombay, Bangalore et Chennai) génèrent plus de 900 millions de litres d'égouts par jour, dont seulement 30% sont traités.
  • A cause d'une exploitation massive des nappes phréatiques, les ressources se raréfient et il faut creuser jusqu'à 200 mètres pour puiser l'eau
  • Le Ministère de l'eau prévoit que pour 2025, onze bassins, incluant le Gange, souffriront de déficit en eau, menaçant la vie de 900 millions de personnes.





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