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Discours de M. Rajendra PACHAURI, Co-Président du Groupe 1 du GIEC, le vendredi 2 février 2007



M. Rajendra PACHAURI, Co-Président du Groupe 1 du GIEC
Discours de M. Rajendra PACHAURI, Co-Président du Groupe 1 du GIEC

Photo ©Waternunc.com
Excellence,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,


Monsieur le Président, comme vous l’avez dit fort justement, les co-présidents du groupe 1, Madame Suzanne SOLOMON et Monsieur Dahe QIN, viennent de terminer le travail du groupe 1 du GIEC, et le rapport est maintenant terminé. Il s’agit donc de la science physique des changements climatiques. Il y a de cela deux ans, vous aviez organisé une petite réunion, ici, au Palais de l’Elysée, sur le changement climatique et j’ai été très honoré de faire partie de ce petit aréopage. Nous avons eu deux heures de discussions, mais c’est vrai que votre passion, votre engagement à l’égard de ce sujet a fait que la réunion a duré trois heures ; j’ai toujours admiré le fait que le Président de la République française puisse consacrer trois heures de son temps à parler des problèmes du changement climatique. Je vous félicite, Monsieur le Président, d’avoir organisé cette réunion pour traiter d’un sujet qui est en fait essentiel pour la race humaine, mais aussi pour toutes les espèces vivantes de la planète.

Le nouveau rapport qui vient d’être publié par le GIEC aujourd’hui nous fournit donc des données avec un degré de fiabilité beaucoup plus grand sur ces changements climatiques. Je ne vais pas vous asséner des données scientifiques pointues, mais le rapport a été approuvé vers 1 heures 30 du matin, 300 délégués, représentant les différents pays avec 600 scientifiques qui ont participé à la rédaction des documents et qui ont aussi revu le texte. La concentration dans l’atmosphère de CO² en 2005 a dépassé les plages que nous avions connues au cours des 650 000 dernières années de la vie de la planète. Alors, on peut voir tout cela en tenant compte du fait que la Convention sur le changement climatique, la convention cadre, a été adoptée en 1992. Elle est représentée ici par son Président- mais le phénomène de forçage radioactif a augmenté de 20 % depuis 1995, jusqu’en 2005. C’est le changement le plus marqué, toutes décennies confondues, depuis 200 ans. Et nous avons en fait eu les douze années les plus chaudes qu’ait connu la planète. Il est très important de constater que les extrêmes, les vagues de chaleur, les canicules, les précipitations très importantes se multiplient. Nous disons que cela est très probable et c’est une probabilité dans ce cas là de 90 % dont nous parlons. Le débat qui existe de liens entre l’action humaine et le changement climatique est un débat dépassé maintenant. Nous devons maintenant parler de la suite comme l’a d’ailleurs très bien rappelé le Président de la commission européenne. Il faut maintenant agir et agir au niveau planétaire.

C’est la raison pour laquelle je pense qu’une structure de gouvernance planétaire qui s’attaque à ce dossier me paraît vital. Mais je dirais que toute structure doit être sous-tendue par de grands principes, de grands principes éthiques. La dimension de justice est essentielle, elle fait partie de tout dossier. Il y a de cela deux mois j’étais aux Maldives et, si vous parlez au Président des Maldives, vous vous rendez bien compte qu’il y a un très grand niveau d’angoisse dans son discours. Il y a des milliers d’îles dans les Maldives qui sont menacées de disparition. Certaines îles vont être abandonnées par la population. Naturellement ce n’est pas idéal pour l’avenir de l’humanité que de constater un tel phénomène et il est urgent que nous nous attaquions à ce dossier. Si nous ne commençons pas à travailler, toutes les espèces qui vivent à la surface de la planète vont subir des conséquences que nous ne souhaitons absolument pas.

Je voudrais aussi rappeler à l’assistance réunie, ici, qu’après que le rapport du groupe 1 sera publié, il y aura en avril le rapport du groupe 2 du GIEC, qui fera l’évaluation des possibilités d’adaptation à ce changement climatique. Et là, nous espérons que nous aurons un travail qui aura une dimension régionale plus forte. En effet, il est très important que toutes les communautés, que toutes les nations comprennent bien l’impact du changement climatique dans leur région, dans les zones où elles vivent. J’ajouterai à cela que personne ne va gagner à ce changement climatique : les effets seront négatifs pour tous, de façons différentes selon les cas.

Il y aura un troisième rapport d’évaluation qui nous donnera aussi les possibilités d’atténuation de ce phénomène. Là encore, c’est un rapport qui sera très intéressant, qui fera le constat entre ce que nous aurons si nous agissons, par rapport à l’inaction qui est la phase dans laquelle nous nous trouvons. Au mois de novembre, il y aura un rapport de synthèse de 30 pages à peine et j’espère que vous allez le lire ce rapport, il sera publié dans toutes les langues des Nations unies. Ce rapport sera la synthèse de toutes les facettes du changement climatique et je crois que ce document sera un document tout à fait pertinent pour tous les décideurs.

Une fois encore, je tiens à redire toute l’admiration que j’ai pour votre démarche, Monsieur le Président. Je pense qu’il est très important que vous et le gouvernement de la France, nous montriez comme vous l’avez fait, la voie. Il faut ensuite que tous ces efforts soient sous-tendus par des gens de votre calibre.

Je vous remercie.

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