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dépêche AFP 17 juin 1998

Le Kazakhstan veut utiliser l'eau
d'une rivière polluée au mercure

par Heather Clark

TEMIRTAOU (Kazakhstan), 17 juin (AFP) - Le lieu est pittoresque. Des canards nagent paisiblement à la surface de la rivière qui traverse un village de datchas, leurs jardins venant jusqu'au bord de l'eau.
Mais sous la surface de la Noura se cachent des grenouilles mutantes. Et les gens qui vivent en aval et qui n'ont guère le choix que de boire l'eau de la rivière, ont un taux de mortalité de deux fois supérieur à celui de leurs voisins de l'amont.
Sur 100 kilomètres en aval de Temirtaou, ville industrielle de 200.000 habitants (1.000 km au nord d'Almaty), le bassin de la Noura est pollué par 150 tonnes de mercure.
La teneur en mercure, qui a également été découvert dans les eaux souterraines, est des milliers de fois supérieur à ce que le gouvernement kazakh considère comme normal, d'après Kasim Douskaïev, un professeur qui étudie la Noura pour le compte du Centre national kazakh pour l'écologie.
"Il n'existe aucun cas analogue, ni au Kazakhstan, ni ailleurs de pollution au mercure d'une telle ampleur dans un cours d'eau", estime Kasim Douskaïev.
Le gouvernement veut utiliser la rivière pour approvisionner en eau potable la ville d'Astana, la nouvelle capitale du pays.
La Noura est pourtant l'un des cauchemards écologiques de l'ex-URSS. Il y a trois ans, sa teneur en mercure était un secret d'Etat, à un tel point qu' un canal fut creusé entre celle-ci et la rivière Ichim, qui traverse Astana, indique M. Douskaïev.
Le canal a été fermé dès que la pollution au mercure a été rendue publique, et M. Douskaïev pense que le mercure n'a pas eu le temps d'atteindre les réserves en eau potable d'Astana.
Les responsables de l'environnement dans la région de Karaganda, déclarent désormais que la rivière doit être nettoyée pour résoudre la pénurie en eau potable, en particulier depuis l'arrivée dans la nouvelle capitale de responsables gouvernementaux et de leurs familles.
"L'eau potable est d'ores et déjà rationnée à Astana, d'après Boris Ou, le chef adjoint de l'antenne locale du ministère chargé de: l'environnement. "Or je pense que dans les 20 ans à venir la population de la ville va être multipliée par deux ou trois", ajoute-t-il.
Mais le Kazakhstan ne fait pas grand-chose pour résoudre le problème. Les responsables de l'administration de la région disent: qu'il leur faudrait 500.000 dollars pour réaliser une étude de faisabilité. Ils espèrent qu'une prochaine conférence de la Banque mondiale les aidera à trouver un pays désirant financer le nettoyage de la Noura.
Mais alors que l'eau de la Noura est considérée comme dangereuse pour les habitants d'Astana, les responsables de l'environnement reconnaissent qu'elle est largement utilisée par les villageois ainsi que par les citadins qui viennent passer leur temps libre dans leur datcha.
La pêche et la culture de potagers au bord de la rivière sont également très répandues. Il n'y a pour l'heure aucune signalisation prévenant de la dangerosité des eaux de la Noura.

La présence de mercure dans la rivière est essentiellement due à une pollution antérieure par l'usine Karagandakarbid. Celle-ci appartient désormais à une compagnie des Emirats Arabes Unis, qui a remplacé en septembre 1997 la technologie obsolète utilisant du mercure, indique Sergueï Louferov, le directeur général de l'usine dont les nouveaux propriétaires refusent de financer l'élimination d'une pollution occasionnée par leurs prédécesseurs.

Compte tenu de la crise de transition qui touche durement cette région industrielle, il est peu probable que l'Etat trouve le financement nécessaire à l'élimination de la pollution, estime Karibaï Chouchikov, un élu régional.

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