waternunc.com, le réseau des acteurs de l'eau
Here, Web is good for your business Votre publicité sur le site des acteurs de l'eau : c'est ici !
Annuaires Nouveaux produits Marketplace Ressources Actualités
Home
Services
Organisation Mondiale de la Santé. Cliquer sur l'image pour rejoindre le site
Communiqué de presse OMS  12 juin 2000

 
Les Progrès de la Médecine Menacés par la Pharmacorésistance

 

Les maladies guérissables - de l'angine ou de l'otite à la tuberculose ou au paludisme risquent de devenir incurables
L'accroissement de la pharmacorésistance, selon un nouveau rapport, pourrait priver le monde des moyens de guérir les maladies et d'arrêter les épidémies
Il faut utiliser mieux et plus largement les outils dont nous disposons contre les maladies infectieuses

Selon un rapport rendu public aujourd'hui par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le phénomène croissant de la pharmacorésistance risque d'entraîner une érosion des progrès accomplis par la médecine au cours des dernières décennies.

Comme le fait observer le Dr Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l'OMS, « Nous disposons aujourd'hui de médicaments efficaces permettant de guérir la quasi-totalité des grandes maladies infectieuses. Pourtant, nous risquons de perdre ces précieux outils – et le pouvoir de maîtriser de nombreuses maladies infectieuses – en raison de l'accroissement de la résistance aux antimicrobiens. »

La mise en garde de l'OMS figure dans son rapport annuel sur les maladies infectieuses qui envisage les moyens de surmonter la résistance aux antimicrobiens. Il s'agit du premier rapport de ce type qui brosse un tableau complet de la situation alarmante à laquelle le monde est confronté à mesure que de précieux médicaments perdent progressivement leur efficacité.

Le rapport décrit comment les germes de la quasi-totalité des grandes maladies infectieuses commencent lentement mais sûrement à résister aux médicaments disponibles. En Estonie, en Lettonie et dans certains parties de la Fédération de Russie et de la Chine par exemple, plus de 10 % des malades de la tuberculose présentent des souches qui résistent aux deux antituberculeux les plus puissants. La résistance a complètement privé la Thaïlande de trois des antipaludéens les plus courants. Chez 30 % environ des malades prenant de la lamivudine – un médicament récemment mis au point contre l'hépatite B – on observe une résistance après un an de traitement. En Inde, 60 % des cas de leishomaniose viscérale ne réagissent plus aux médicaments de première intention. Dans les cas d'infection à VIH, on observe déjà une résistance primaire à l'AZT et à d'autres nouvelles thérapies chez un nombre réduit, mais croissant, de malades.

Bien souvent, c'est l'utilisation mal planifiée ou non systématique des médicaments qui nous a fait perdre ces outils aussi rapidement que les scientifiques les ont mis au point.

« Il a fallu 20 ans pour mettre au point la pénicilline et permettre son utilisation ; puis, en 20 ans, ce médicament est devenu pratiquement inopérant dans le traitement des gonococcies dans la plus grande partie du monde », souligne le Dr David Heymann, Directeur exécutif chargé des maladies transmissibles à l'OMS. Dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est, 98 % des souches résistent à la pénicilline.

Il y a dix ans, à New Delhi, trois médicaments peu coûteux permettaient de guérir la fièvre typhoïde. Aujourd'hui, ces médicaments ont en grande partie perdu leur efficacité contre cette maladie potentiellement mortelle. De même, il y a dix ans, on pouvait facilement combattre une épidémie de dysenterie à shigella par le cotrimoxazole, un médicament bon marché disponible sous forme générique. Aujourd'hui ce produit reste sans effet dans la quasi-totalité des cas de shigellose.

Les malades hospitalisés sont particulièrement vulnérables. Aux Etats-Unis d'Amérique, quelque 14 000 d'entre eux sont infectés et meurent chaque année à cause de germes pharmacorésistants d'origine nosocomiale. Dans le monde, jusqu'à 60 % des infections nosocomiales sont provoquées par des bactéries chimiorésistantes.

La résistance aux antimicrobiens est un phénomène biologique naturel qui est amplifié de nombreuses fois parce que l'homme utilise mal et néglige les antimicrobiens dont il dispose. La résistance réduit à néant l'effet de médicaments jadis capables de sauver des vies.

L'aggravation de la résistance aux antimicrobiens est due à des causes sociales qui paradoxalement ne sont pas les mêmes selon les pays. Dans certains cas – surtout dans les pays pauvres – c'est la sous-utilisation des médicaments qui encourage l'apparition d'une résistance. Ainsi, lorsque les malades n'ont pas les moyens d'acheter une quantité suffisante de médicaments pour un traitement complet ou se rabattent sur des médicaments contrefaits obtenus au marché noir, les germes les plus faibles sont tués mais les plus résistants parviennent à survivre et à se reproduire.

Dans les pays riches, la résistance s'installe pour la raison opposée, c'est-à-dire à cause d'une utilisation abusive des médicaments. Les malades demandent parfois des médicaments dont ils n'ont pas besoin et les services de santé qui ont tendance à surprescrire les leur fournissent volontiers. L'abus des antimicrobiens dans la production alimentaire des pays riches contribue également au phénomène de la résistance. Actuellement, 50 % de la production d'antibiotiques sert à traiter les animaux malades, à promouvoir la croissance du bétail et de la volaille ou à débarrasser les cultures d'organismes nuisibles.

Quelle que soit l'origine du phénomène, la mondialisation ainsi que l'intensification des déplacements et des échanges commerciaux favorisent un déplacement rapide des souches résistantes. Les empreintes ADN ont permis aux chercheurs d'identifier des souches de bacille tuberculeux pharmacorésistant en Europe orientale, en Asie et en Afrique, et de suivre leurs traces à mesure qu'elles réapparaissent de plus en plus chez des malades d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord.

Comme le souligne le Dr Heymann, « Nous n'avons peut-être qu'une dizaine ou une vingtaine d'années pour utiliser de manière optimale une grande partie des anti-infectieux actuellement disponibles. Nous nous trouvons littéralement dans une course contre la montre puisqu'il s'agit de réduire le niveau mondial des maladies infectieuses avant que les maladies ne réduisent l'utilité des médicaments. »

Les conséquences économiques de la résistance aux antimicrobiens sont énormes. Le coût du traitement d'un cas de tuberculose polychimiorésistante est cent fois plus élevé que le coût du traitement d'un cas non résistant. La ville de New York a dû consacrer près d'un milliard de dollars à la lutte contre une poussée de tuberculose polychimiorésistante au début des années 90, une facture qui dépasse les moyens de la plupart des villes du monde. Selon le Dr Rosamund Willliams qui dirige l'équipe de l'OMS chargée de la pharmacorésistance, « Si nous n'utilisons pas pleinement et à bon escient les médicaments découverts de notre vivant, une grande partie d'entre eux nous échapperont. Bientôt nous n'aurons plus la possibilité de maîtriser les maladies infectieuses les plus dangereuses et si nous ne faisons pas des progrès rapides pendant cette décennie, il sera peut-être très coûteux et très difficile, voire impossible, de le faire plus tard ».

On croit souvent, et à tort, que l'industrie pharmaceutique fait constamment de nouvelles découvertes qui permettent de remplacer les produits devenus inefficaces contre les principales maladies infectieuses. En réalité, si l'on continue effectivement d'obtenir de nouvelles versions de médicaments qui existent déjà, rares sont les nouvelles classes d'antibactériens. En moyenne, il faut compter 15 à 20 ans pour la recherche et développement d'un médicament anti-infectieux et l'effort financier peut dépasser les 500 millions de dollars selon les sociétés pharmaceutiques.

Actuellement, poursuit le Dr Heymann, « Il n'y a pas de nouveaux médicaments ou vaccins sur le point d'apparaître. Nous faisons un pari à haut risque dont la santé publique est l'enjeu si nous croyons à la découverte de nouveaux médicaments et vaccins et négligeons la possibilité d'utiliser mieux et plus largement les médicaments efficaces dont nous disposons aujourd'hui. »

Selon le rapport, la stratégie la plus efficace contre la résistance aux antimicrobiens consiste à toucher la cible du premier coup, c'est-à-dire à détruire le germe et à vaincre ainsi la résistance avant son apparition. Il s'agit donc de fournir le traitement adéquat au malade chaque fois qu'il en a besoin.

Comme le dit le Dr Brundtland, « Utilisés largement et à bon escient, les médicaments dont nous disposons aujourd'hui peuvent éviter les infections auxquelles nous devons faire face aujourd'hui et les catastrophes de demain dues à la résistance. Mais si un effort plus sérieux n'est pas consenti contre les maladies infectieuses, la résistance aux antimicrobiens menacera de plus en plus de nous renvoyer à l'ère pré-antibiotique. Nos grands-parents ont déjà connu une époque sans antibiotiques efficaces. Nous ne voulons pas qu'il soit de même pour nos petits-enfants. »


Pour plus de renseignements s'adresser à Gregory Hartl, Porte-Parole de l'OMS, OMS, Genève, téléphone : (+ 41 22) 791 4458, portable +41 79 203 6715, fax : (+41 22) 791 4858. E-mail : hartlg@who.int ou Andy Seale, Attaché de presse pour les maladies transmissibles (+41 22) 791 3670. Aux Etats-Unis, s'adresser à Jim Palmer +1 202 262-9823, et au Royaume-Uni, à Janice Muir ou à Amanda Barnes au numéro +44 207 407 3313.

Il y aura une séquence UEB lundi comprenant des clips d'une interview avec David Heymann. Des interviews radio prêtes à la diffusion seront accessibles à partir du centre des médias sur http://www.who.int/multimedia. Pour toute demande d'information concernant la séquence UER ou les moyens de diffusion, s'adresser à Chris Powell (+41 22) 791 2888.

Tous les communiqués de presse, aide-mémoire et articles de fond de l'OMS, ainsi que d'autres informations sur ce sujet peuvent être obtenus sur Internet à la page d'accueil de l'OMS http://www.who.int/

rect rect rect rect rect rect rect rect rect
©Waternunc.com 2000