Waternunc.com, le réseau des acteurs de l'eau
Here, Web is good for your business Votre publicité sur le Net : c'est ici !
Annuaires Nouveaux produits Marketplace Ressources Actualités
Home

FRANCE
COMMUNIQUE DE PRESSE

communiqué de presse du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement

Paris, le 15 février 1999

Logo Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement

Rencontre avec les Associations de Consommateurs dans le domaine de l'eau
(discours de Dominique VOYNET)


"Mesdames et Messieurs,

J'ai souhaité rencontrer aujourd'hui les représentants des associations de consommateurs qui agissent dans le domaine de l'eau, et notamment celles représentées au Comité national de l'eau et à l'Observatoire du prix de l'eau, car je sais que la question de l'eau est particulièrement sensible pour vos adhérents.

Je souhaite d'abord vous exposer succinctement les principaux axes de ma politique dans ce domaine, afin de lancer la discussion. J'ai présenté au conseil des ministres, é'le 20 mai dernier, une communication sur la rforme des politiques publiques dans le domaine de l'eau, définissant des axes d'intervention qui répondent aux objectifs suivants :
- un secteur de l'eau et de l'assainissement plus transparent et plus démocratique ;
- une eau de meilleure qualité, grâce au principe "
pollueur-payeur " et à une meilleure application de la réglementation.
Sur le premier point, il me semble - mais je serais heureuse de vous entendre à ce sujet -, que nos concitoyens acceptent de payer l'eau à son juste prix, à condition de savoir où va l'argent et d'avoir la certitude qu'il est bien utilisé.

La création d'un haut conseil du service public de l'eau et de l'assainissement vise justement à améliorer cette transparence, en exerçant une mission de veille et d'alerte des autorités sur tout ce qui concerne le prix de l'eau et sa facturation, la passation des marchés publics et des modalités de délégation de services publics, la gestion de ces services, l'information du public, etc. Le décret créant ce haut conseil est en cours de consultation interministérielle, et devrait paraître, je l'espère, au cours des prochains mois.

L'élargissement de la composition des instances de bassin (comités de bassin et conseil d'administration des agences de l'eau) va également dans le sens d'une plus grande transparence. Dans le cadre du renouvellement général de ces instances, prévu pour la fin de cette année, la place des associations de consommateurs et de protection de l'environnement sera accrue, et la représentation des collectivités sera rééquilibrée au profit des grandes villes.

Agir sur les structures est sans doute important, mais je suis bien consciente que ce n'est pas suffisant pour modifier en profondeur le fonctionnement d'un secteur qui reste opaque et mal compris de nos concitoyens. Il faut également agir sur les composantes du prix de l'eau, qu'il s'agisse des redevances payées aux agences de l'eau, ou des modalités de fixation de ce prix lui-même.

En ce qui concerne les redevances, j'ai lancé une importante réforme de la redevance pour pollution domestique prélevée sur la facture d'eau. Le système actuel est en effet particulièrement incompréhensible et peu pédagogique, puisqu'il s'agit d'une " contre-valeur " fixée forfaitairement en francs par mètre cube dans le but de garantir le niveau de financement dont les agences ont besoin. Du coup, cette redevance augmente quand la consommation baisse !

Différentes pistes sont en cours d'étude. L'une d'entre elles, qui me paraît séduisante et sur laquelle j'aimerais avoir votre avis, consisterait à ne plus faire payer cette redevance par le consommateur d'eau, mais directement par la commune ou le syndicat intercommunal d'eau et d'assainissement, en fonction du niveau de dépollution atteint. En effet, le consommateur d'eau n'a guère de possibilité de réduire sa pollution individuelle, tandis que la commune et le syndicat décident des investissements d'assainissement à réaliser, et donc de la pollution rejetée.

Plus généralement, en ce qui concerne les agences de l'eau, une loi de programmation devra être votée tous les cinq ans. Le Parlement arrêtera ainsi les programmes d'intervention des agences, et définira les bases de leurs redevances. Chaque année, 10 milliards de francs sont consacrés par les agences à la politique de l'eau. Il me paraît donc justifié que cette politique soit discutée et définie par la représentation nationale. Pour les autres aspects du prix de l'eau que la redevance elle-même, mon ministère a moins de moyens d'intervention dans son champ de compétences. J'ai cependant vivement souhaité qu'une réflexion s'engage sur l'aspect social de l'accès à l'eau potable.

La charte solidarité eau définie par la loi contre l'exclusion de Martine Aubry connaît certes un démarrage difficile. Il est pourtant essentiel de garantir que les personnes en difficulté ne voient pas leur situation aggravée au-delà du tolérable par une coupure d'eau potable. Un groupe de travail a été mis en place par le ministère des Affaires sociales, afin d'inciter les distributeurs d'eau à plus de volontarisme en la matière. Je souhaiterais par ailleurs avoir votre point de vue sur deux autres questions :

-1. la définition d'une facturation de l'eau progressive et non plus dégressive. Par ce système, une première tranche de consommation correspondant aux besoins vitaux de l'individu serait facturée à un prix très faible, et à l'inverse les gaspilleurs seraient pénalisés. Cela suppose toutefois le comptage individuel des consommations d'eau, encore rare dans l'habitat collectif. Le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement envisage donc de participer financièrement à la mise en place de compteurs individuels dans l'habitat social : des négociations sont en cours actuellement avec Bercy pour disposer des moyens nécessaires.
Cette idée d'une facturation progressive nécessite également de s'assurer que les bénéficiaires en seront bien les familles aux revenus modestes et non, par exemple, les propriétaires de résidence secondaire. Cette réflexion sur la facturation progressive porte également sur la définition du seuil entre la part fixe et la part proportionnelle du prix de l'eau.

-2. L'instauration d'un certain degré de péréquation du prix de l'eau. Je ne suis pas favorable a priori à une péréquation nationale, parce que l'eau est une ressource locale, qui se transporte difficilement sur de longues distances, et qu'il ne me paraît pas illégitime que, pour inciter à sa préservation, elle soit plus chère là où elle est plus rare ou plus vulnérable. Une péréquation à une plus faible échelle, par exemple au niveau départemental, serait peut-être un moyen de mettre fin à certaines des inégalités les plus criantes entre communes voisines.

J'ai pour ambition de rendre aussi transparent que possible le secteur de l'eau et de l'assainissement, mais, en tant que ministre chargée de l'Environnement, j'ai d'abord pour ambition de rendre transparente l'eau elle-même, c'est-à-dire de reconquérir des nappes, des rivières et des milieux aquatiques de bonne qualité.

Pour ce faire, la puissance publique dispose de deux outils : la réglementation et la fiscalité. En ce qui concerne l'outil réglementaire, l'arsenal à ma disposition me paraît complet, avec des directives communautaires dans tous les domaines, et notamment une nouvelle directive sur l'eau potable qui renforce considérablement la protection de la santé du consommateur, en durcissant les normes sanitaires, notamment en ce qui concerne le plomb, mais aussi grâce à la loi sur l'eau de 1992, dont les textes d'application sont maintenant tous parus.

En matière de réglementation, la priorité est maintenant à l'application de ces textes. Cela passe tout d'abord par une élaboration volontariste de ces documents fondamentaux que sont les SAGE (schémas d'assainissement et de gestion des eaux) ; des consignes sont données en ce sens aux préfets à chaque occasion, récemment encore, par exemple, pour la nappe de la Beauce.

Cela passe surtout par une police de l'eau plus efficace. Dès cette année, 28 postes de gardes-pêche et 9 postes de responsables de mission inter-services de l'eau (MISE) ont été créés sur le budget de mon ministère, et 140 millions de francs supplémentaires sont attribués à la connaissance et à la police de l'eau et des milieux aquatiques. Cet effort se poursuivra. L'outil économique et financier, dans le domaine de l'eau, c'est l'application du principe " pollueur-payeur ". L'extension de éééla taxe gnrale sur les activités polluantes (TGAP) au domaine de l'eau doit aller dans ce sens. Après quatre mois de concertation à l'automne dernier, les principes suivants ont été arrêtés :

-1. Dans les domaines déjà concernés par les redevances des agences de l'eau, c'est-à-dire les pollutions industrielles, les pollutions domestiques et les prélèvements d'eau, tout devra s'effectuer à prélèvement fiscal constant. Il est en particulier totalement exclu que l'application de la TGAP à l'eau conduise à une quelconque augmentation du prix de l'eau. Une part du montant actuel des redevances restera prélevée sous cette forme pour financer les politiques des agences de l'eau. Le reste abondera un compte spécial du trésor affecté au budget de mon ministère pour financer les politiques d'intérêt général dans le domaine de l'eau. C'est cette deuxième part qui intégrera la TGAP, et permettra de mieux moduler la fiscalité pesant sur l'eau, afin qu'elle corresponde réellement à l'application du principe " pollueur-payeur ", c'est-à-dire qu'elle dissuade les comportements les plus polluants ;
-2. Dans les domaines actuellement non concernés par les redevances des agences, des taxes pourront être créées pour rejoindre directement le budget de l'Etat, via la TGAP. Ainsi, nous étudions la taxation des activités qui modifient le régime des eaux et aggravent en conséquence les inondations : extraction de granulats dans les vallées alluviales, ouvrages dans les rivières, imperméabilisations, remblais de zones inondables, etc. Surtout, et n'en déplaise aux énergumènes qui ont envahi ce ministère la semaine dernière, il me paraît tout à fait anormal que les pollutions diffuses d'origine agricole restent la seule source notable de pollution actuellement non concernée par le principe " pollueur-payeur ". C'est pourquoi la faisabilité d'une taxation de l'azote et des pesticides est actuellement étudiée au sein d'un groupe de travail " eau et agriculture ", dans lequel les associations de consommateurs sont d'ailleurs représentées.

Afin d'en débattre maintenant avec vous, je souhaite entendre vos réactions à cet exposé liminaire des grandes lignes de ma politique, ainsi que, plus largement, vos préoccupations sur ce thème essentiel de l'eau. Je vous remercie de votre attention."

rect rect rect rect rect rect rect rect rect
©Waternunc.com 1999