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FRANCE
COMMUNIQUE DE PRESSE

communiqué de presse du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement

Paris, le 8 février 1999

Logo Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement

Intervention de Dominique Voynet, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, à l'inauguration de la station d’épuration de l’agglomération nantaise


Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Lorsque Jean-Marc Ayrault m’a sollicitée pour inaugurer la station d’épuration de Tougas, que nous venons de visiter, j’ai bien volontiers accepté, car cette réalisation est exemplaire et illustre parfaitement la politique d’ensemble que j’entends insuffler pour la reconquête d’une eau et de milieux aquatiques de qualité.

Exemplaire, tous ceux qui ont participé à la visite ont pu s'en rendre compte, cette station l’est indiscutablement par ses performances techniques : une capacité de traitement de 600 000 équivalents-habitants, ce qui en fait la plus grosse station d’épuration du bassin Loire-Bretagne.

Mais surtout un niveau de traitement qui va au-delà des obligations réglementaires, avec traitement de l’azote et d’une partie du phosphore, et également un traitement des pollutions entraînées par les eaux de ruissellement, ce qui est essentiel tant l'impact de ces pollutions sur le milieu aquatique est important, en période de pluie.

Cette station d’épuration est donc un bel outil. Pour financer son coût total, qui s’élève à environ 480 MF hors taxes, la mobilisation de tous a été nécessaire. Toutes les collectivités concernées ont été au rendez-vous, comme viennent de le souligner messieurs Rimbert, Dejoie et Ayrault. L’agence de l’eau Loire-Bretagne, établissement public sous ma tutelle, a quant à elle su mobiliser la solidarité de l’ensemble du bassin, en apportant une subvention de 160 MF.

Mais en fait, pour moi, très honnêtement, l’essentiel n’est pas là. Bien entendu, cette station d’épuration performante est indispensable. Mais l’essentiel, c’est que sa réalisation s’inscrive dans un programme global, cohérent et très ambitieux de reconquête du milieu, dont la station d’épuration n’est qu’un maillon, et dont le coût global est supérieur à 1,2 milliard de francs hors taxes.

Ce programme prévoit tout d’abord un traitement d’ensemble de la question de l’assainissement à l’échelle de l’agglomération, ce qui comprend non seulement la construction de la station de Tougas, mais aussi la mise à niveau de celle de La Petite-Californie, qui dessert le sud de l’agglomération nantaise, et la suppression de plusieurs petites stations plus ou moins anciennes, dont le rendement n’était pas satisfaisant.

De même, la restructuration complète du réseau d’assainissement devra permettre, à terme, la suppression de tout rejet dans les cours d’eau autres que la Loire. Menée parallèlement à la restauration de ces cours d’eau, cette suppression permettra de reconquérir des rivières de bonne qualité.

Ce programme global se concrétise dans des contrats d’agglomération entre les collectivités de l’agglomération nantaise et l’agence de l’eau, qui répondent au nom évocateur de Neptune. Tout à l'heure, vous allez signer le troisième contrat de ce programme Neptune. Le total du programme représente un montant cumulé d’investissement de plus de 1,5 millard de francs hors taxes, pour lequel l’agence de l’eau apportera une participation de l’ordre de 580 MF en avance et subvention. Je tiens à vous féliciter très chaleureusement pour cette remarquable continuité dans l’effort, qui témoigne de votre mobilisation pour la qualité de l’eau, et plus largement pour la préservation de l’environnement.

Ce type d’action s’inscrit en effet pleinement dans les priorités que j’ai dégagées pour l’action du gouvernement dans le domaine de l’eau. Ces priorités, définies dans la communication que j’ai présentée lors du conseil des ministres du 20 mai 1998, je les ai rappelées lors de la dernière conférence des présidents de comités de bassin, le 11 décembre dernier, déjà au bord de la Loire, à quelque 300 km en amont d’ici, à Orléans.

Elles s’articulent comme suit :

- un secteur de l’eau et de l’assainissement aussi transparent que possible, exigence fondamentale de nos concitoyens qui, s’ils veulent bien payer l’eau à son juste prix, souhaitent au moins qu’on leur explique ce qu’ils payent et où va leur argent. La station d’épuration que nous venons de visiter fournit à cet égard un exemple d’utilisation pertinente de l’argent des usagers de l’eau (dont je ne doutais pas, Monsieur le Député-Maire, qu’en votre bonne ville de Nantes, il soit toujours utilisé au mieux et dans la plus totale transparence !) ;

- une reconquête effective de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. En effet, ce n’est pas seulement pour se mettre en conformité avec les réglementations communautaires et nationales que l’assainissement des eaux urbaines s’impose.

Il est bien sûr indispensable que la France se donne les moyens de respecter les objectifs qu’elle a elle-même contribué à établir au sein des directives communautaires sur les eaux résiduaires urbaines. Mais cet effort est surtout indispensable parce que nos concitoyens, de plus en plus sensibles aux questions de protection de l’environnement, exigent de l’eau potable à leur robinet, des poissons dans les rivières, et des plages où l’on puisse se baigner.

Or, à cet égard, il faut bien constater que la qualité de l’eau des fleuves et des grandes rivières, même si elle s'améliore, n'est pas encore satisfaisante. Ainsi, d’après le récent rapport de l’IFEN sur l’environnement en France, moins de la moitié de ces grands cours d’eau peuvent être considérés comme de qualité satisfaisante en ce qui concerne le paramètre " matières organiques ", directement lié à la pollution domestique. En outre, cette qualité stagne ou régresse dans les rivières plus petites. C’est pourquoi il faut se féliciter de votre engagement de supprimer les rejets dans ce type de cours d’eau.

Enfin, puisque nous sommes ici proches de l’océan et de plages particulièrement renommées et fréquentées, je rappellerai que, d’après les résultats des campagnes de surveillance de la qualité des eaux de baignade, dont j’ai présenté l’an dernier les résultats en compagnie de Bernard Kouchner et de Michelle Demessine, l'insuffisance d'assainissement des eaux urbaines est en cause dans environ 60 % des cas de non-conformité des eaux de baignade.

Sur cette question de la qualité de l’eau, les agriculteurs, et en particulier les élevages industriels, sont souvent montrés du doigt, notamment ici dans l’ouest de la France. Comme vous le savez, Jean Glavany et moi-même avons entrepris de nous attaquer avec détermination à ce type de pollution. N'oublions pas toutefois que nous sommes tous des pollueurs, et que les effluents domestiques constituent encore la plus grande partie de la pollution rejetée dans les cours d’eau. L’assainissement des eaux résiduaires urbaines reste donc, et pour longtemps encore, une nécessité absolue.

- et puis, pour accélérer cette reconquête de la qualité de l’eau, je souhaite une action publique plus efficace. L’Etat dispose à cette fin de deux types d’outils. Les agences de l’eau tout d’abord, qui sont un instrument remarquable pour la définition et la conduite d’actions partenariales réunissant tous les acteurs de l’eau. Les services en charge de la police de l’eau, d’autre part, qui ont pour mission essentielle de veiller au respect des règles de droit, et contribuent ainsi à l’efficacité des politiques publiques.

D’après les éléments qui m’ont été communiqués, collectivités, agences de l’eau et services de l’Etat ont su ici associer leurs efforts dans un remarquable climat de collaboration, et je m’en félicite vivement.

L’action des collectivités de l’agglomération nantaise s’inscrit donc parfaitement dans les priorités nationales du gouvernement dans le domaine de l’eau. Elle s’inscrit également dans l’effort du pays en matière d’emploi puisque, à Nantes, la création de 7 emplois-jeunes est d’ores et déjà aidée par l’agence de l’eau, dans le but d'améliorer le taux de collecte des réseaux d’assainissement, et de veiller à leur bon fonctionnement.

En m’engageant avec volontarisme dans le dispositif " nouveaux services, nouveaux emplois ", j’avais fait part de ma conviction profonde que les secteurs de l’environnement comprenaient de nombreux gisements d’emplois nouveaux. Les services de mon ministère, et des établissements publics tels que les agences de l’eau, ont identifié et ont fait émerger ces emplois. Ainsi, grâce au travail de tous ces acteurs de terrain, nous devrions enregistrer dès le mois prochain la création du 10 000e emploi-jeune dans le domaine de l’environnement ; l’assainissement à Nantes aura participé à cet effort.

Parfaitement en phase avec les différentes politiques nationales, votre action s’inscrit tout autant, par son caractère global, dans la philosophie de ce dispositif original et remarquable que constitue le plan "Loire grandeur nature", même si elle n’en fait pas explicitement partie.

Je l’avais annoncé en septembre 1997, également à Orléans (décidément, les rives de la Loire sont les lieux privilégiés de mes interventions sur l’eau !), une deuxième phase de ce plan va être élaborée en étroite concertation avec l’ensemble des acteurs du bassin dans les prochains mois, pour s’inscrire dans les futurs contrats de plan Etat-région. Cette deuxième phase portera sur les priorités suivantes :

- sécurité des populations face aux risques d’inondations, impératif qui concerne surtout les collectivités de la Loire moyenne ;

- restauration du patrimoine naturel : un accent particulier sera mis sur la gestion de la diversité écologique de l’estuaire à partir de l’étude de modélisation en cours dont les résultats définitifs devraient être connus l’an prochain. L’objectif sera la définition d’un programme d’action cohérent pour l’ensemble de " l’écharpe verte " qui va du lac de Grand-Lieu au marais de la Grande-Brière, avec en particulier la renaturation progressive des bras principaux de la Loire tels que ceux du Migron et de la Taillée. Cette station d'épuration démontre que vous êtes motivés par la protection de l’environnement. Je sais pouvoir compter sur votre engagement à tous dans un tel programme. Le SAGE Estuaire (Schéma d'aménagement et de gestion des eaux), dont l’élaboration commence, permettra d’en fixer le cadre ;

- valorisation d’ensemble du patrimoine ligérien, enfin : le bassin ligérien est en effet riche d’un patrimoine tant culturel que naturel. Si certaines de ces richesses sont reconnues et mises en valeur, notamment les châteaux de la Loire, d’autres sont méconnues voire en danger. Les initiatives locales sont nombreuses pourtant, telles que les diverses " maisons de Loire " et le projet " d’estuarium " pour l’estuaire. La mise en réseau de ces initiatives au sein d’un plan d’ensemble devra contribuer à leur réussite.

Monsieur le Député-Maire, Monsieur le Président du syndicat d’assainissement de l’agglomération nantaise, Mesdames et Messieurs, je suis particulièrement heureuse de pouvoir démontrer aujourd’hui avec vous que l’environnement ne se résume pas à une litanie de contraintes.

Bien comprise, mise en œuvre de manière cohérente dans des démarches d’ensemble, la préservation de l'environnement est non seulement indispensable à la qualité de vie de nos concitoyens, elle s’inscrit en outre pleinement dans une démarche de développement économique durable et de création d’emplois. Ainsi, la construction de réseaux et de stations d’assainissement crée de l’emploi, et un environnement préservé constitue un support idéal à nombre d’activités économiques telles que le tourisme. C’est cette prise de conscience que je suis venue saluer ici.

Je vous remercie de votre attention.

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