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"Journée mondiale de l'eau" - Discours du Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie M. Charles Josselin

 

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Retrouvez l'intégralité de la présentation du ministre en vidéo (46 minutes) en cliquant sur ce lien

(Paris, 22 mars 2001)

Merci d'être venus pour que je puisse vous présenter ce que fait la France à l'occasion de cette journée mondiale de l'eau, dont le principe a été arrêté en 1993 par les Nations unies et qui invite les Etats membres des Nations unies à profiter de ce moment pour apporter un éclairage particulier à un dossier qui est tout à fait considérable. On en parlera un peu plus complètement tout à l'heure. Mais puisqu'il s'agit bien, d'abord, de sensibilisation du public à ces différentes questions, je voudrais déjà vous présenter un certain nombre de documents que le ministère des Affaires étrangères a réalisés et qui permettent évidemment de sensibiliser à la question de l'eau, mais aussi d'éclairer la coopération que la France conduit dans ce domaine.

Il y a d'abord un coffret intitulé "L'eau en partage", qui contient une brochure qui présente les enjeux de l'eau dans le monde, qui présente aussi notre expérience et nos actions et puis dix fiches qui sont des exemples de coopération, des exemples choisis pour illustrer la diversité des zones d'interventions mais aussi les principaux thèmes sur lesquels nous concentrons nos actions de coopération dans le domaine de l'eau. Dans le même coffret un CD-ROM avec l'ensemble des données traduites en allemand, en anglais, en arabe, en espagnol, toutes informations qui sont accessibles sur le site Internet du ministère. Et puis en plus une autre série de fiches documentaires qui, dans le cadre d'une collection qui a pour titre "L'eau, la vie, l'environnement", sont bâties de façon à illustrer les différentes façons d'aborder le thème de l'eau ; la collection comprend trois volets :

  • "les enjeux de l'eau" : (les usages, la gestion des eaux, la bataille de l'eau, le thème développement et coopération )
  • "entre eau et terre" qui prend en compte en particulier la pratique de l'agriculture, les exigences écologiques
  • et puis "l'eau, reflet de la vie" qui sont des chroniques autour de la vie et de l'eau.

En tout, 42 documentaires que je considère comme tout à fait remarquables qui illustrent des notions trop longtemps méconnues : la culture de l'eau, les liens entre la culture et la coopération technique. Et c'est cette approche entre culture et coopération technique qui est, je crois, une des marques de l'expérience de la France et promouvoir notre expertise, notre savoir-faire dans le domaine de l'eau c'est aussi dans une certaine mesure un mode de diffusion de la culture française.

Autre outil de communication, une exposition sur l'eau qui vient compléter la collection documentaire. Elle a été conçue par les organismes de recherche français spécialisés dans le domaine de l'eau et constitue une synthèse des connaissances sur cette ressource et les enjeux qui lui sont liés. Ces éléments - collection, exposition- sont repris dans un catalogue introduit par Madame Voynet et moi-même, qui souligne notre souci de coordination et de continuité dans nos actions tant en France qu'à l'étranger.

Enfin un dossier technique "eau et santé" réalisé sur financement du ministère des Affaires étrangères par le programme Solidarité-Eau dont le président est monsieur l'ambassadeur Réthoré. Un programme qui a le mérite en plus d'organiser la collaboration entre les ONG et les collectivités locales françaises qui interviennent dans les projets d'eau dans les pays en développement. Et ce guide est destiné à tout opérateur intervenant dans la réalisation ou la maintenance des équipements destinés à fournir de l'eau potable aux populations des pays en développement. Sa réalisation est le fruit d'un travail de spécialistes que je tiens à saluer - d'ailleurs certains de ceux qui ont collaboré à ce document sont dans la salle- et ceci a été fait avec l'appui d'un réseau de la société civile française et des pouvoirs publics. Voilà donc les actions spécifiques que la France a choisies de conduire à l'occasion de cette Journée mondiale de l'eau.

Sur le fond du problème je voudrais que vos médias nous aident à sensibiliser l'opinion française sur l'importance des enjeux :

  • L'enjeu sanitaire : cinq millions de personnes meurent chaque année par manque d'eau potable, dont trois millions d'enfants.
  • L'enjeu social : un milliard d'individus dans le monde n'ont pas accès encore à l'eau potable et deux milliards et demi n'ont pas d'assainissement, ce qui est évidemment considérable et les deux, du point de vue de la santé et de l'hygiène marchent étroitement ensemble.
  • L'enjeu du point de vue de l'alimentation : 40% de l'alimentation du monde est produite par une agriculture irriguée, provient directement de l'irrigation, et l'accroissement attendu de la population mondiale accentue encore la difficulté que nous allons rencontrer dans l'usage de l'eau pour produire de l'alimentation.
  • Les enjeux financiers, économiques : 300 milliards, c'est le prix payé par les consommateurs, principalement dans les grandes villes à l'échelle de la planète. Les investissements - 75 milliards de dollars investis chaque année -, mais on considère que pour les 25 ans qui viennent, il faudrait en investir 180 milliards chaque année si on devait mettre en place les équipements nécessaires à la fois pour maîtriser, traiter, distribuer l'eau potable et en organiser le partage.
    Et le partage soulève précisément la question - peut-être une des plus délicates qui rejoint là l'enjeu politique- : la plupart des grands fleuves sont partagés entre plusieurs pays. Chacun veut l'utiliser au mieux, parfois au plus et un usage excessif en amont compromet la santé du fleuve en aval. Je n'ai pas besoin d'insister sur l'enjeu que peut représenter le Jourdain dans le conflit du Moyen-Orient, les relations difficiles entre les riverains de l'Indus ou du Gange, pour prendre d'autres grands exemples. Des conventions internationales ont souvent été prévues pour gérer cette relation difficile mais le manque d'eau que d'aucuns redoutent - et les études qui ont été faites par la Banque mondiale à cet égard ne sont pas très rassurantes- à horizon 2050 par exemple pourraient bien transformer en guerre ce qui est aujourd'hui un conflit d'usage.

C'est dire assez le besoin que nous avons tous de prendre mieux conscience de tous ces enjeux et d'aboutir à une politique globale cohérente ce qui n'est pas le plus simple.

Alors ce que la France va préconiser c'est d'abord de poursuivre l'effort financier entrepris. La France, pour sa part consacre un milliard 200 millions de francs chaque année au titre de l'aide publique au développement à l'eau, ce qui est une part importante de son aide publique. Le premier opérateur avec lequel évidemment la France fait vivre cette coopération internationale c'est l'Agence française de développement qui depuis dix ans aura consacré quelque dix milliards de francs à cette coopération en matière d'eau.
Mobiliser les grandes institutions financières - elles le sont déjà mais elles doivent l'être davantage encore- et puis avoir une meilleure cohérence entre les politiques conduites par les différents ministères qui s'en occupent. Il faut savoir que, sans en faire une liste exhaustive, nombreux sont les collègues concernés : l'Agriculture bien sûr, l'Environnement, la Santé, les Transports, l'Urbanisme et bien sûr les Affaires étrangères à cause de la coopération internationale, nous sommes conscients du besoin de renforcer la cohérence interministérielle et nous allons mettre en place une structure spécifique pour atteindre cet objectif.

Second objectif important, c'est un partenariat plus serré avec le secteur privé. Les entreprises françaises sont probablement parmi les meilleures au monde sur ce marché de l'eau, je ne les cite pas, vous les connaissez, elles sont présentes sur les cinq continents, investissent au sud, mais elles ont aussi réussi à gagner plusieurs marchés importants, notamment dans la gestion de l'eau des villes américaines par exemple. Nous les rencontrons, mais nous n'avons pas jusqu'alors pris le temps d'une réflexion stratégique commune pour voir avec elles comment prendre en compte les besoins d'alimentation en eau potable des capitales africaines ou de l'organisation des grands fleuves.
Tout à l'heure j'aurai l'occasion de rencontrer les dirigeants de ces entreprises et nous allons voir ensemble comment nous pourrions resserrer notre collaboration car nous sommes convaincus que c'est bien aussi d'une relation concertée entre les pouvoirs publics - les Etats, les collectivités locales qui ont un rôle considérable à jouer dans ce domaine et le combat de la décentralisation que nous accompagnons au sud est à cet égard très important car au-delà de la décentralisation c'est la citoyenneté en quelque sorte des consommateurs d'eau qu'il s'agit de faire vivre.
Pas de solution s'il n'y a pas une culture presque individuelle de l'eau et là il y a un travail considérable à faire. La France considère qu'elle a en quelque sorte un avantage comparatif dans un certain nombre de domaines. L'appui institutionnel - nous avons là aussi une longue expérience, notamment de ces statuts juridiques adaptés que sont les concessions, les affermages - il y a besoin de mettre en place des outils institutionnels juridiques pour gérer l'eau. Il y a évidemment là aussi une expérience importante, cette relation entre l'eau et l'agriculture, nous avons nous-mêmes encore beaucoup de progrès à accomplir dans ce domaine. Et puis il y a justement cette articulation entre formation, information. Les métiers de l'eau vont nécessiter des actions de formation très importantes et là encore la France qui a une longue habitude dans ces domaines, se propose d'apporter son appui aux pays qui en exprimeraient le besoin et ils sont nombreux dans cette situation.

Il est important de rappeler la dimension internationale. Je vous ai rappelé la mise en place de la cellule interministérielle chargée de l'eau qui va être placée au ministère des Affaires étrangères et donc chargée de concevoir, de coordonner et d'évaluer les politiques menées dans le domaine de l'eau et une des premières missions va être pour cette cellule interministérielle de réaliser un tableau de bord des interventions françaises dans le domaine de l'eau, qui permettra à tous de connaître les réseaux d'experts, ce qui est très important, les opérateurs mobilisables, les moyens financiers et aussi l'agenda des événements internationaux.
Plusieurs grandes conférences ont essayé de faire avancer la réflexion internationale sur le sujet, d'autres sont en préparation, nous pensons notamment à la grande Conférence de Bonn, sur laquelle nous travaillons déjà en liaison avec nos amis allemands. Nous allons d'ailleurs créer un fonds d'études pour orienter les recherches et peser sur les débats internationaux, car nous considérons là aussi que la France doit être plus présente dans les enceintes où l'avenir de ce dossier de l'eau doit être traité. Le ministère des Affaires étrangères a initié un projet intitulé "vers une gestion durable des ressources en eau" qui a d'ailleurs pour but de renforcer la dimension régionale et internationale de notre coopération et de coordonner les acteurs français de l'eau à l'international.
La coordination avec les autres bailleurs de fonds, je vous le disais, est importante. Lors de la réforme de l'aide européenne au développement sous présidence française, j'ai eu l'occasion d'y insister et j'ai saisi récemment la présidence suédoise de l'Union européenne, afin qu'un travail de fond sur le thème de l'eau et du développement soit initié, là encore le besoin de coordination des initiatives européennes se vérifie pour les renforcer et les prolonger. Je rappelle enfin que le montant de l'aide destiné aux projets eau dans le cas du Fonds européen du développement se situe aux alentours de 900 millions d'euros - traduisez 5 milliards et demi de francs, ce qui n'est pas négligeable, faut-il préciser que le Fonds européen du développement est financé à hauteur de presque 28 % par la France./.

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